Par Les Passés — pièce sonore {22'} by François Tizon

Par les passés, extrait de Street Life de Joseph Mitchell
Traduction, conception et interprétation : François Tizon
Création et fabrication sonore : Benoist Bouvot, Stéphane Cousot et Yoën Cousot--Paoli
Production Matière Écrite ; Coproduction Studio-Théâtre de Vitry

Je ne traversais pas les mêmes rues que les promeneurs qui étaient dehors ce jour là, mais un passé glissant, triste et doux {Marcel Proust, Le Temps Retrouvé}

Prévue pour être créée en avril puis en octobre 2020 la performance de Par les Passés n'a pas pu avoir lieu — pour des raisons qui ne devraient pas être en passe de nous devenir habituelles — sur les berges des Seine et au Pont du Port à l'Anglais. Nous proposons à sa place cette pièce sonore.

Par les Passés est le troisième et dernier chapitre du projet autobiographique que Joseph Mitchell n'a jamais conclu. Il y écrit qu'à l'automne 1968, le vendredi 4 octobre exactement, au réveil d'un cauchemar, il a commencé à vivre dans le passé. Ou dans les passés. Une très longue phrase court sur plus de la moitié du texte. Mitchell vient y faire indistinctement confluer les nombreux et innombrables passés dont sa vie est faite. C'est cette phrase que j'ai d'abord voulu suspendre au dessus de l'eau.

En faisant franchir au récit le pont monumental du Port-à-l'Anglais la pièce dessine une trajectoire jusqu'au lointain de la rive opposée, jusqu'au fond du paysage. L'hydrophonie est immersive, littéralement, et le son capté en trois dimensions traversant comme le sont les pensées. L'auditeur·rice peut se laisser emporter tandis qu'en ondes serrées fusent parmi les eaux de la Seine tout à la fois le flot du souvenir, le ruisseau de l'enfance et le fleuve des enfers.
{François Tizon}