Maelström de Karl NAEGELEN (extrait) by Spat'Sonore published on 2018-01-11T13:29:34Z Nous portons en nous une tendance singulière à nous épanouir en tous sens à partir d’un centre infiniment profond. Novalis Quelques coups épars semblent vouloir marquer un cycle imaginaire au milieu de lignes qui tantôt affleurent ou s’effacent, avant que le bouillant mécanisme ne commence à s’échauffer - la machine s’emballe et se répète, quoique jamais à l’identique, mute. Les bruits se tordent et se multiplient jusqu’à la grisaille neigeuse de nos vieux postes de télévision. Des petits bruits dans l’aigu - toute une Amazonie d’oiseaux mécaniques nocturnes - ne sauraient nous sortir de la torpeur de nouveaux cycles rythmiques qui s’allongent mollement. Les souffles industriels réapparaissent et se meuvent en une organique respiration tournoyante. Vient alors la douceur lointaine d’un choral de Tallis, fragile jusqu’à la noyade. Il faudra pourtant subir à nouveau les secousses d’une nouvelle machine sonore, ses pulses partagées en hoquet, ses convulsions saturées, avant de retrouver les lignes d’un horizon incertain, vestiges vibratoires d’un choral, brillant d’une pâle lumière, comme un trésor perdu qu’on aurait voulu préserver du tumulte.