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Am Saum des Gedankens
Cette œuvre existe en deux versions :
La première, pour Voix de femme, Chœur et 8 violoncelles créée en mai 2006
Et la seconde Pour Voix de femme, Chœur et Orchestre
(2006/2010) créée en juin 2010 dans le cadre d’un festival destiné à fêter les dix ans d’un chœur amateur de Beauvais « cantus felix »
Commande de l’état pour la version de 2006 et du Chœur Cantus Felix pour la version avec orchestre
Livret du compositeur d’après Paul Celan.
(Poèmes tiré des recueils Nimandsrose 1963 et Sprachgitter 1959)
Enregistrement de la création : Armelle Humbert soprano, Octuor de violoncelles de Beauvais, Choeur Cantus Felix direction Yves Délécluse.
J’ai accepté sans réserve la proposition de Jacques Bernaert d’ouvrir un concert dans le cadre de festival « rencontres internationales du Violoncelle », par une composition qui « résonne » avec le Carmina Burana de Carl Orff.
Initialement, afin de répondre à la commande par une œuvre qui résonnerait « vraiment » à celle de Carl Orff, je me suis procuré des larges extraits du Codex Bénédictin qui lui a servi à de base textuelle et parfois aussi musicale pour sa grande fresque. Mais malgré toute mes recherches j’était incapable de trouver un texte réellement satisfaisant pour moi : les textes « légers » sont trop anecdotiques ou contraignants sur le plan prosodique, et le côté trop « mariale » des textes spirituels me gêne, car je ne suis pas du tout religieux, ou en tout les cas je ne suis pas prêt à accepter un mystère en tant que dogme, ni à accepter que l’on puisse excuser la barbarie sous prétexte que les hommes ne sont que des hommes…
Bref mission impossible du côté des Carmina Burana.
Probablement relever ce défi eut été bien plus facile, s’il m’était possible de surmonter l’autre gêne qui est de taille :
L’œuvre de Orff a bel et bien était composée pour être jouée en 1937 à Frankfurt, et a été une de gloires majeures de l’art asservie au régime du III Reich. Après la guerre, ni cette œuvre ni son créateur n’ont connu le sort de beaucoup d’autres, et pour cause : l’aspect totalement « apolitique » de la composition d’Orff, ne pose pas de problèmes, et pour moi ceci est en soi un problème.
Malgré tous les efforts de « réconciliation » que l’on peut faire a un moment de sa vie où l’on commence à regarder avec scepticisme tout refuge idéologique réducteur, je ne peux pas faire fi ni du contexte ni de l’héritage qui pèse sur l’œuvre de Karl Orff…
Il m’a fallu donc chercher dans ce qui me correspond le plus, pour pouvoir faire une proposition alternative, qui puisse garantir la cohérence du projet tel qu’il a été imaginé au départ, mais aussi s’inscrire dans le cadre de mes propres préoccupations esthétiques et poétiques.
J’ai choisi de fonder mon travail autours de poèmes de Paul Celan, en composant un livret à partir d’extraits de deux recueils « Sprachgitter » publié en 1959 et « Die Niemandsrose » publié en 1963.
En composant Am Saum des Gedankens, je n’ai pas pensé forcement à Karl Orff ou à sa musique, comme je n’ai pas voulu ni créer une œuvre « polémique », ni susciter un questionnement qui serait autre que musical ou poétique.
J’ai plutôt cherché à traduire l’intensité des émotions que la poésie de Celan appelle chez beaucoup de personnes qui s’intéressent à la poésie et à la mémoire, en Allemagne comme un peu partout. Car c’est finalement de cela que s’agit : composer une œuvre qui témoigne par son émotion de la mémoire de notre temps et de son balbutiement, et par cette émotion du rejet de la barbarie sous toutes ses formes.
G. Dazzi
- Genre
- Classical
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